Des résultats pour la liberté, la dignité et l'autonomisation des femmes et des filles autochtones au Guatemala

Nouvelle | Publié: 05 septembre 2023

En 2023, le consortium formé par le Centre d'études et de coopération internationale (CECI) et Avocats sans frontières Canada (ASFC) a achevé avec succès la mise en œuvre du projet Droits et justice pour les femmes et les filles autochtones au Guatemala (DEMUJERES), qui a débuté en 2018 en partenariat avec 11 organisations sociales dans les départements d'Alta Verapaz, Chimaltenango et Sololá.   

L'objectif principal du projet était de promouvoir un meilleur accès à la justice et une prise en charge globale des femmes et des filles autochtones survivantes de multiples formes de violences basées sur le genre, notamment sexuelles, en renforçant les capacités des organisations locales qui apportent un soutien juridique, psychosocial et d'autonomisation économique, ainsi que celles des acteurs de la justice à fournir une prise en charge basée sur les droits individuels et collectifs des femmes et des filles autochtones.  

Au Guatemala, il y a une quinzaine d'années, la loi contre le féminicide et les autres formes de violence à l'égard des femmes (2008) et la loi contre la violence sexuelle, l'exploitation et la traite des personnes (2009) ont été adoptées, ainsi que d'autres lois visant à éradiquer la discrimination et à promouvoir la réalisation des droits des femmes et des filles autochtones. Malgré ces avancées législatives, les efforts institutionnels n'ont pas été suffisants pour s'occuper des victimes et réduire la violence à l'égard des femmes, qui reste un problème latent.

L'une des réalisations les plus importantes du projet DEMUJERES a été la création et la consolidation d'un modèle complet d'accompagnement axé sur la pertinence culturelle pour les femmes victimes de violence, qui vise à renforcer la prestation des services existants, en incorporant les droits spécifiques des femmes autochtones dans trois aspects de la prise en charge globale.

Dans les services d'aide juridique et d'assistance judiciaire, tout en renforçant la connaissance et l'application par les juges de la législation spécifique sur la violence fondée sur le genre, des connaissances et des méthodologies ont été promues pour renforcer le rôle des opérateurs judiciaires et des autorités autochtones dans l'éradication de la discrimination raciale et sexiste, tant dans le système judiciaire national que dans le système judiciaire autochtone. Les services de soins psychosociaux ont intégré les thérapies curatives indigènes, et les services d'autonomisation économique ont intégré la récupération des techniques de production traditionnelles et écologiques ainsi que la promotion du commerce électronique.

Les partenaires du projet et leur personnel ont apporté leurs connaissances, leur expérience et leur engagement pour fournir ces services de manière holistique, en travaillant ensemble pour répondre aux différents besoins des femmes et des filles victimes de violences. Outre des services complets, le projet a encouragé la réflexion parmi les garçons, les jeunes et les hommes autochtones sur les masculinités autochtones sans violence, tant au niveau de la communauté qu'au niveau régional méso-américain. Il a soutenu des processus historiques de promotion des droits des femmes autochtones dans le monde, tels que la recommandation 39 de la CEDAW, récemment approuvée.

Le projet DEMUJERES a soutenu les actions en justice de femmes et de filles autochtones ayant survécu à des violences sexuelles et sexistes, en intégrant des stratégies juridiques, psychosociales et culturelles, ainsi que des stratégies de sécurité, de défense et de communication. Ce soutien a débouché sur trois sentences emblématiques dans le département d'Alta Verapaz, dans trois affaires de violences sexuelles commises contre trois filles autochtones par des enseignants du système scolaire public.  Dans ces décisions, les juges chargés des affaires ont ordonné au ministère de l'éducation de procéder à une large diffusion, à une formation et à la mise en œuvre du protocole institutionnel de prévention de la violence sexuelle dans l'espace éducatif, à titre de mesure de non-répétition. Ces décisions ont également créé un précédent important en reconnaissant un modèle de violence sexuelle à l'encontre des étudiants dans le système éducatif, en permettant aux survivant-e-s et à leurs familles d'obtenir justice et, en même temps, des mesures de réparation ciblées, en envoyant un message fort à la communauté éducative : la violence sexuelle à l'encontre des filles et des adolescents ne doit pas être tolérée et ne restera pas impunie.

Une évaluation externe réalisée par le gouvernement du Canada, bailleur de fonds du projet DEMUJERES, souligne que l'intégration de la pertinence culturelle est un facteur crucial pour les réalisations du projet : "Le travail du projet avec le système de justice ancestral a été souligné par plusieurs parties prenantes comme un aspect particulièrement important, étant donné que ces autorités représentent dans de nombreux cas pour les femmes et les filles autochtones la possibilité la plus proche d'accéder à la justice". Ce thème a également été abordé à plusieurs reprises par les femmes victimes de violence lors des réunions régionales organisées dans le cadre de la clôture de ce projet.

Les réalisations du projet ont été possibles grâce au travail conjoint des équipes du CECI et de l'ASFC et des 11 organisations partenaires qui l'ont mis en œuvre, principalement des organisations autochtones, des organisations de femmes autochtones, des autorités autochtones, des organisations artistiques, des centres de prise en charge globale et des refuges. Il s'agit de Majawil Q'ij, Consorcio de Asociaciones de Atitlán, Municipalidad Indígena de Sololá, Ajpop Tinamit, Asociación de Abogadas Indígenas Chomija', Sotzil Jay, ASOGEN, ASOJAV / Ak' Yuam, Colectiva Ixpop, MayaWorks, ADICI. À cela s'ajoutent les efforts des opérateurs de la justice : tribunaux, juges chargés des affaires de féminicide, procureurs du ministère public et quatre réseaux d'orientation des cas de violence à l'égard des femmes : les réseaux de Cobán, Chimaltenango, Sololá et Santiago Atitlán.

Communiqué de presse publié en septembre 2023.

Pour plus d'informations, veuillez contacter Arnaud Deharte, 
Téléphone : 502 5808 7458, courriel : ArnaudD@ceci.ca.

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