Travailler ensemble, main dans la main. Le bilan d’une mission haïtienne en sol canadien

Nouvelle | Publié: 07 juin 2016

Du 12 avril au 2 mai dernier, deux partenaires du Programme de Coopération Volontaire (PCV) - Haïti ont participé à un échange sud-nord entre Haïti et le Canada. Il s'agit de l'Association des Jeunes Entrepreneurs agricoles du Nord (JEAN) et de la Coopérative Agro-Artisanale des Femmes en Action (COOPAAFA). Ces deux organismes haïtiens, l’un œuvrant dans le domaine de la production agricole échange (apiculture, élevage et production maraîchère) et l'autre dans la transformation et la distribution de produits alimentaires et artisanaux, ont eu l'occasion de visiter différentes institutions canadiennes dans le domaine de l'agroalimentaire. En tout, six ressortissants haïtiens se sont rendus au Canada, quatre membres de JEAN et deux de la COOPAAFA. Chacun des deux organismes-partenaires affirme avoir bénéficié de cet échange. 

« La mission sud-nord a été très intéressante et enrichissante, affirme Thélémaque Wilfrid, président de JEAN et participant à cet échange. Quand on entend quelque chose, mais qu'on ne le voit pas, il y a une différence entre la théorie et la pratique. [Cet échange a permis] de voir les choses et de projeter d'autres images par rapport à ce que l'on voit en Haïti. »  Madame Geoffrin St-Louis, présidente de la COOPAAFA, abonde dans le même sens: « Si quelqu'un devait venir et s'asseoir pendant 5 ou 6 mois [pour nous en parler], on n'aurait pas pu apprendre tout ça, parce que le fait de voir, le fait de le vivre, ça reste. Quand tu es assis et que tu écoutes, il y a beaucoup de choses qui se perdent, mais lorsque la mémoire vit quelque chose, que le cerveau vit quelque chose, ça reste et ça reste pour longtemps. » 
 

SOUVENIRS MARQUANTS

Durant ce séjour d'une dizaine de jours, ils ont eu la chance de visiter, entre autres, des fermes, des serres, des coopératives, des usines de transformation, des écoles et l'Union des Producteurs agricoles (UPA) au Québec. Lors de leur tournée dans la province, ils ont eu la chance de rencontrer Patrick Dilmé, un professeur d'artisanat au Centre de formation agricole de Mirabel. Ce professeur, d'origine haïtienne, habite au Canada depuis plus de quarante ans et enseigne au centre depuis maintenant 27 ans.  Monsieur Wilfrid était très enthousiaste de sa rencontre, tout comme Madame St-Louis d'ailleurs. Tous deux ont un excellent souvenir de lui et se rappellent avec précision les paroles de cet enseignant très respecté qui leur a expliqué la règle des 3PA pour réussir dans ce qu'on entreprend : Passion, Précaution ou Prévenir, Planifier et Agir.  « J'ai appris ça et c'est resté dans ma mémoire, » dit le président de JEAN.    

Haïti, c'est aussi le pays de la chèvre, ou du cabri. Ce n'est pas une surprise si la Chèvrerie des Mines, près de la ville de Québec, fut un moment fort de leur voyage. L’élevage du cabri est très différent dans la Perle des Antilles. Les animaux vaguent librement un peu partout. La nature suit son cours. Une fois à maturité, la chèvre est abattue pour consommation. Elmise Jean-Jacques du groupe JEAN nous raconte son expérience : « J'ai appris beaucoup de choses à la chèvrerie. Les animaux ne sont pas de la même espèce que ceux que nous avons ici. Nous avons appris sur la production et la gestation. Nous avons reçu de l'information quant à savoir comment mettre les chèvres en chaleur ». Madame Jean-Jacques compte les mettre en pratique, petit à petit, à mesure que ses moyens le lui permettront.    

Monsieur Gérald Charles, également du groupe JEAN, a aussi remarqué des différences dans l'organisation de l'habitat même des animaux: « Nous pratiquons l'élevage libre, ils sont n’importe où dans les champs. Ici, au Canada, il y a une structure bien organisée pour les animaux.  Il y a une façon de donner de la nourriture et de la préparer qui est différente de chez nous. Il y a une bonne organisation des chèvres. Il y a un appartement très spécial pour eux. Tous sont classés selon un ordre bien établi.»    
 

UN RÉSULTAT INATTENDU

Les partenaires du PCV-Haïti sont  repartis avec de nouvelles idées. Ils essaieront maintenant de les mettre en pratique. De plus, un partenariat s’est formé à la suite de la rencontre des deux organisations haïtiennes. « Il y a des produits qui nous intéressent dans le nord. JEAN va se charger de faire la recherche et de nous les acheminer. Prenons par exemple le chocolat. Nous savons que le meilleur chocolat vient du nord. En échange, JEAN va se charger de faire la promotion des produits de la COOPAAFA, dont le curcuma, les huiles essentielles et la semoule de petit mil, des produits qui sont peu ou pas disponibles dans le nord». « On ne s'attendait pas à ça, dit le président de JEAN, mais c'est une excellente nouvelle initiative pour stimuler les échanges à l'intérieur du même pays ».   

La mission sud-nord a ouvert des portes sur de nouvelles manières de concevoir les choses. Haïti ne changera pas du jour au lendemain, mais il y a espoir que les choses soient meilleures. Cette mission a également contribué à créer une relation d'affaires entre deux organismes du même pays. Comme le dit si bien Thélémaque Wilfrid: « Pour aller de l'avant, il faut travailler ensemble, main dans la main ». Il semblerait que cela ait bien débuté!


Le programme de coopération volontaire en Haïti (PCV) est mis en oeuvre par le consortium composé du Centre d’étude et de coopération internationale (CECI), de l’Entraide universitaire mondiale du Canada (EUMC), de la Fondation Paul Gérin-Lajoie (FPGL) et du Service d’assistance canadienne aux organisations (SACO).

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