Parlons des droits des femmes et des violences basées sur le genre dans le cadre de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes

Nouvelle | Publié: 25 novembre 2018

DU 25 NOVEMBRE AU 6 DÉCEMBRE : 12 JOURS D’ACTION CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES

La violence contre les femmes et les filles constitue un grave problème social et un obstacle majeur à la paix et au développement durable et équitable de toute société. Dans le monde, 35% des femmes ont subi de la violence physique ou sexuelle à un moment de leur vie (ONU Femmes, 2017). En Afrique de l’Ouest, plus de quatre filles sur dix ont été forcées au mariage avant leurs 18 ans et près d’une sur sept a été mariée ou en concubinage par la force avant ses 15 ans (ONU Femmes, 2017). Au Mali, au cours de l’année 2017, le système de gestion des informations sur les violences basées sur le genre a enregistré 2882 cas avec une prédominance des violences sexuelles (57%)  perpétrées principalement sur des enfants. On constate également une proportion élevée de pratiques traditionnelles néfastes (39%) qui se manifeste par la pratique de la mutilation génitale.

En plus, la vulnérabilité aux violences s’exacerbe dans les conflits armés – comme celui subi actuellement par le Mali – où des acteurs armés perpètrent des attaques contre les femmes et les filles dans le but de semer une terreur qui assure la domination territoriale. De même, la faiblesse de l’État dans les régions affectées par les conflits favorise l’impunité, décourage la dénonciation et empêche l’accès à la justice. Ces facteurs et certaines visions traditionnelles renforcent la fausse idée que les violences basées sur le genre sont une forme normale d’établissement de relations entre les hommes et les femmes. Ainsi, par crainte de représailles, de stigmatisation ou de peur de ne pas obtenir justice, 91 à 94% des victimes refusent d’aller vers les services judiciaires.

À la base de cette situation se trouvent des rapports de pouvoir qui conçoivent les femmes et les filles comme des êtres inférieurs ou comme des objets sans droits ni valeurs. Pour y faire face, le projet JUPREC mené par Avocats sans frontières Canada, l’École nationale d’administration publique (ENAP) et le CECI propose cette série de quatre livrets avec des concepts et techniques pour parler des droits des femmes et des violences basées sur le genre (VBG) auprès des communautés. Les livrets s’adressent aux leaders communautaires, enseignant-e-s, facilitatrices et facilitateurs et autres intervenant-e-s. Ils présentent les droits des femmes et des filles affectés par les VBG ainsi que les recours et mécanismes pour renforcer leur défense. Ces livrets présentent aussi les causes et conséquences des VBG, des stratégies et techniques pour aborder ce thème tabou dans les communautés et faciliter sa prise en charge, ainsi que des méthodes pour intégrer les hommes comme des alliés de l’égalité des droits pour toutes et tous.

La série est composée de trois livrets thématiques et un livret de techniques d’animation : 1) Égalité entre les femmes et les hommes, 2) Masculinités positives et 3) Violences basées sur le genre. Le quatrième livret présente des exercices pratiques pour aborder ces thèmes auprès des communautés de façon professionnelle et inclusive. Ils présentent aussi des témoignages des participant-e-s qui ont vécu un changement dans leur vie avec ces techniques ou de bonnes pratiques (concours, approches, causeries ou d’autres activités de sensibilisation) pour promouvoir des communautés plus égalitaires pour les femmes et les filles. De plus, le troisième cahier offre un carnet d’institutions et organisations qui offrent des services sur les VBG dans les régions d’intervention du projet. Ce cahier inclut aussi un « violentomètre », thermomètre des violences construit de façon participative, à travers lequel les femmes et les hommes pourront identifier des comportements violents à stopper avant d’arriver à des conséquences majeures.

Le projet JUPREC, et en particulier le CECI, responsable de la prévention des VBG et la promotion des pratiques d’égalité entre les femmes et les hommes, voient cette série de cahiers comme une contribution à pérenniser nos actions avec nos partenaires sur le terrain. Les lectrices et lecteurs pourront facilement s’approprier les contenus des cahiers et les adapter à leurs propres contextes. Nos remerciements à ces expert-e-s et aux dirigeant-e-s des structures partenaires qui ont travaillé à soutenir les approches du projet : APDF, AJM, WILDAF, GREFFA, ASSAFE et EFFAD. Tout au long du projet, ils ont fait preuve d’engagement et de créativité dans la mise en œuvre de ces actions dans les conditions actuelles au Mali.

Nous invitons aussi les lecteurs et lectrices à suivre leur exemple en utilisant ces outils pour la sensibilisation, la formation, la réflexion, la dénonciation, la mobilisation communautaire et les alliances stratégiques nécessaires pour faire face à une des formes de violence les plus destructrices de la société : celle basée sur le genre.

Nous sommes convaincu-e-s que de réfléchir aux thèmes abordés dans ces livrets et de mener les activités proposées contribueront à la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles, et qu’il faut attaquer, éviter et prioriser cette réalité inadmissible. Nous vous invitons à agir maintenant dans vos communautés à travers ces outils pour stopper les violences basées sur le genre, car il s’agit d’un problème social et non d’un problème exclusif aux femmes.

Claudia Black
Directrice Générale du CECI

Contribuez vous aussi à la prévention des violences basées sur le genre et à la promotion des pratiques d’égalité entre les femmes et les hommes : inscrivez-vous au mouvement #CECIestmongenre.


Credits:

Le projet JUPREC, « Justice, Prévention et Réconciliation pour les femmes, mineurs et autres personnes affectées par la crise au Mali », est mené depuis 2014 par le consortium composé d’Avocats sans frontières Canada (ASFC), de l’École nationale d’administration publique (ENAP) et du CECI.

Pascal Paradis, Directeur Général - Avocats sans frontières Canada

Simon Chabot, Directeur des affaires internationales - École national d’administration publique – ENAP

Claudia Black, Directrice Générale - Centre d’étude et de coopération internationale – CECI

Élyse Desjardins, Chargée du projet JUPREC - Avocats sans frontières

Jean-Paul Riverin, Chargé du projet JUPREC - ENAP

Alvaro Diego Herrera, Chargé du projet JUPREC - CECI

Auteurs des textes :

Maimouna Dioncounda Dembélé, Responsable Prévention des Violences Basées sur le Genre

Alvaro Diego Herrera, Ph. D. Chargé de projet et spécialiste en égalité entre les femmes et les hommes – CECI

Hélène Lagacé, Spécialiste en égalité entre les femmes et les hommes – CECI

Correction de textes :

Aly Tounkara et Lylia Benabid

Partenaires de l’implémentation du volet prévention basée sur le genre du projet JUPREC: APDF (Ségou), AJM (Mopti), WILDAF (Tomboctou), GREFFA (Gao), ASSAFE (Bamako) et EFFAD (Kidal).

Édition graphique : SMARTMEDIA

Le projet JUPREC bénéficie de l’appui financier du gouvernement du Canada, par l’entremise d’Affaires mondiales du Canada 

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