Népal, un an plus tard: Au-delà des tentes

Nouvelle | Publié: 25 avril 2016

Le 25 avril 2015, un séisme d’une magnitude de 7,8 ébranlait le Népal, faisant plus de 8 000 morts. Dès juin 2015, une aide internationale de 4,1 milliards de dollars était annoncée. Un an plus tard, tout n’a pas été reconstruit, plusieurs milliers de personnes vivent toujours sous les tentes. Est-ce à dire que rien n’a été fait ?

Rappelons que le Népal est un des pays les plus pauvres de la planète, enclavé, bordé par deux géants, l’Inde et la Chine, sortant à peine d’une guerre civile qui en 2006 destituait la monarchie. La nouvelle république est encore aujourd’hui balbutiante. Et les efforts de reconstruction ont été sévèrement entravés par les pressions économiques exercées par l’Inde depuis septembre. En désaccord avec la nouvelle constitution népalaise, l’Inde bloque, à la frontière, le passage de matières essentielles : matériaux de construction, pétrole et gaz.

En outre, le Népal est un pays situé au cœur de l’Himalaya, ce qui revient à dire qu’il jouit de magnifiques paysages mais aussi d’un relief montagneux. Or, le tremblement de terre a surtout touché 17 districts situés en altitude, à plus de trois heures de route de la capitale. Encore aujourd’hui, ces communautés vivent dans des conditions précaires, l’aide se rendant difficilement, alors que jusqu’à 90 % de leurs villages a été détruit. Ces personnes n’ont pas seulement perdu leurs maisons. Vivant de l’agriculture ou de la production laitière, elles ont vu leurs champs dévaler la montagne et leur cheptel mourir sous leurs yeux.

Les images aujourd’hui relayées par les medias peuvent facilement nous amener à croire que la population népalaise est laissée à elle-même. Mais il y a une autre façon d’envisager l’aide, même s’il est vrai que le gouvernement népalais tarde à réellement prendre les choses en main.

Après que les premiers secours d’urgence aient été apportés, que nous nous soyons assurés que les populations aient un toit provisoire, de l’eau et des soins de première nécessité, il est alors primordial d’appuyer les populations à reprendre leurs activités économiques, afin que rapidement elles puissent elles-mêmes subvenir à leurs besoins et participer fièrement à la reconstruction de leurs villages. Il s’agit là de résultats tangibles et qu’on peut aisément constater, pour un peu que l’on se déplace et qu’on aille à la rencontre de ces communautés. Mais en faisant le choix de ne montrer que ce qui n’a pas encore été réalisé, on occulte ces avancées.

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Photos: Dilip Chinnakonda

L’organisation québécoise de coopération internationale, le CECI, établit au Népal de façon permanente et sans interruption depuis 1987, a été en première ligne des efforts d’urgence et de reconstruction, dès les premières heures qui ont suivi le séisme. En coordination avec les autres organisations canadiennes et internationales, et avec les ressources limitées dont nous disposons, nous avons concentré nos efforts dans trois districts ruraux éloignés : Sindhupalchowk, Kavrepalanchowk et Lalitpur.

Nous avons fourni à 6 600 familles des secours d’urgence, puis procéder à la construction de toilettes afin d’empêcher la propagation de maladies infectieuses. Rapidement, ces familles ont reçu de nouvelles semences et des engrais pour relancer leurs cultures. Dans le district de Lalitpur où nous avons une longue histoire de partenariat avec les coopératives laitières, à travers notre programme de coopération volontaire, Uniterra, mis en œuvre conjointement avec l’Entraide universitaire mondiale du Canada (EUMC), nous avons appuyé les producteurs et productrices afin qu’ils puissent se racheter des bufflonnes, reconstruire les étables et redémarrer leurs microentreprises. Au cours des trois prochaines années, nous appuierons 25 000 personnes à démarrer de petites et moyennes entreprises agricoles et laitières au profit de leurs communautés, tout en offrant des formations techniques afin d’améliorer les conditions d’employabilité de la population.

Les besoins sont énormes. D’autant que des organisations comme le CECI travaillent dans un esprit de développement durable, allant au-delà de la stricte remise sur pied de ce qui existait avant. Il est important que cela se fasse en concertation avec les autorités locales. Le gouvernement népalais peut montrer plus de leadership. Tant qu’à reconstruire, pourquoi ne pas faire mieux ?

Dilip Chinnakonda
Coordonnateur aide humanitaire et Asie

France-Isabelle Langlois
Directrice communication et développement


 


Du 17 mai au 12 juin, le CECI propose au Gesù l’exposition Népal : Arrêt sur image. La réalité du peuple népalais, un an après le tremblement de terre, vue à travers l’objectif de Kiran Ambwani et de Benoit Aquin, et des textes de Stanley Péan.

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