Lutte aux changements climatiques : la résilience des femmes dans les parcs à karité au Burkina Faso

Nouvelle | Publié: 17 janvier 2022

Au Burkina Faso, la filière du karité  constitue la source de revenus pour 1,5 millions de personnes, dont 90% sont des femmes. L’arbre à karité est cependant fragilisé par les changements  climatiques et ses impacts, comme les épisodes de sécheresse, les fortes températures, les tempêtes de poussière et les vents violents. Le vieillissement des parcs, l’attaque de parasites et l’exploitation du bois de karité comme source d’énergie sont d’autres défis rencontrés dans la filière. Enfin, les efforts du pays pour rendre la filière plus résiliente aux changements climatiques sont affaiblis par le manque d’information météorologique et climatique. 

Le projet Amélioration de la résilience aux changements climatiques des femmes dans les parcs à karité (Burkina Faso) vise à accroître la résilience aux changements climatiques des femmes impliquées dans la collecte, la transformation et la commercialisation des produits  du karité des régions rurales du Centre-Ouest et des Hauts Bassins. Réalisé entre juillet 2018 et juin 2021 par le CECI, le projet a impacté plus de 3 000 ménages et indirectement plus de 15 000 burkinabés.

Le projet a fourni de la formation et un appui technique pour la mise en œuvre de solutions de rechange au bois de chauffe, dont la pyrolyse améliorée, une technologie qui transforme des résidus organiques en charbon biologique (biochar), notamment utile à la restauration des sols agricoles dégradés. Lorsqu’il est transformé en briquettes, le biochar a une efficacité énergétique supérieure au charbon de bois.  Deux unités semi-industrielles de production de biochar gérées par les femmes ont été mises en place, afin de valoriser les résidus de la filière karité et améliorer l’accès aux briquettes de biochar dans les villages. 

Une activité stratégique du projet concernait l’utilisation des données climatiques existantes et des savoirs locaux pour développer des projections pour l’arbre à karité. Ensuite, les populations locales ont été accompagnées pour interpréter ces projections. De plus, des pratiques de gestion durable des parcs à karité ont été démontrées et partagées localement. Un exemple est l’installation de ruches dans les parcs pour améliorer la pollinisation et créer une source de revenu additionnel pour les femmes. Par ailleurs, des analyses coûts-avantages ont été produits afin d’optimiser les pratiques agricoles dans ces régions.  Une attention particulière est portée à l’agentivité des femmes. Leur leadership est reconnu et mis de l’avant pour leur permettre d’avoir un rôle clé dans ce projet.

 

Concrètement, c’est :

- 4 236 personnes dont 98% de femmes, membres d’organisations de productrices et transformatrices de karité, qui ont été - formées sur les pratiques agro-sylvicoles adaptées aux changements climatiques
- 42 parcelles de démonstration pour les pépinières à karité mises en place ;
- 320 foyers améliorés qui ont été distribués;
- Plus de 210 ruches ont été installées dans les parcs à karité; 
- ​​​30 institutions locales et 35 leaders communautaires ont été accompagnés pour l’interprétation des projections climatiques

 « Nous sommes très heureux d’avoir reçu l’appui financier du gouvernement du Québec pour mettre en œuvre ce projet. Le CECI est implanté au Burkina Faso depuis 1985, et la filière karité compte parmi ses interventions les plus importantes dans le pays. Des progrès notoires y ont été réalisés dans une perspective de préservation de l’environnement par la promotion de bonnes pratiques et l’acquisition de nouvelles techniques. Ce projet s’inscrit dans cette lignée et permettra aux communautés visées par le projet, et tout particulièrement aux femmes, de mieux se préparer aux impacts que les changements climatiques auront sur leur environnement et, par conséquent, sur leur vie sociale et économique. » ‑ Claudia Black, ancienne directrice générale du CECI

La retombée la plus importante du projet pour le CECI est la reconnaissance et la légitimité acquises dans le domaine de la lutte aux changements climatiques dans la filière karité au Burkina Faso.  Les approches et les technologies mises de l’avant par le projet offrent des solutions concrètes à des problèmes qui faisaient partie du quotidien des productrices de karité depuis longtemps, tels que  le recours au charbon de bois comme source d’énergie pour la production de beurre de karité ou la gestion des résidus issus de la transformation des amandes de karité. La pyrolyse améliorée offre une solution durable à ces deux problématiques, puisqu’elle permet de transformer les résidus en charbon biologique (biochar) qui à son tour remplace le charbon comme source d’énergie. 

Fort de cette reconnaissance, le CECI a été invité par le Fonds Vert Climat à développer une note conceptuelle en partenariat avec l’ONUDI. La présentation du projet à la conférence de l’Alliance Globale Karité (AGK) en avril 2021 a suscité beaucoup d’intérêt de la part d’Occitane France qui a souhaité établir un partenariat avec le CECI. Le ministère de l’environnement et celui de l’agriculture ont aussi démontré un grand intérêt pour les résultats du projet et des pistes de collaboration ont été avancées notamment avec le ministère de l’agriculture pour la régénération de sols dégradés avec le biochar.

 


Principaux partenaires :
Fondation des Amis de la nature (NATURAMA) 
Fédération Nununa 
Réseau des productrices des Hauts-Bassins et des Cascades (RPHBC) 
Ouranos
GECA environnement 
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