Aider les femmes victimes de violences à se reconstruire en Haïti

Nouvelle | Publié: 21 février 2020

« Le 13 novembre, lors du massacre de La Saline, on a tué deux de mes amies.  Moi, on m’a laissé la vie sauve après m’avoir violée. » Vanessa [nom modifié pour préserver l’identité de la victime], 26 ans


En Haïti, nombreuses sont ces femmes qui, comme Vanessa, subissent des actes de violences odieux perpétrés par des groupes armés qui profitent de l'instabilité ambiante pour semer le trouble, voire la mort. 

Les 13 et 14 novembre 2018, les combats des gangs rivaux de La Saline, Bel-Air et Martissant, quartiers défavorisés de Port-au-Prince, ont causé la mort de 26 personnes, la disparition de 12 autres, et le viol de 11 femmes et filles.

« J’ai rapporté le viol que j’avais subi à la radio, continue Vanessa. Depuis ce jour, les membres du gang cherchent à me tuer. J’ai dû me réfugier dans la rue pour me protéger et échapper aux menaces de mort. J’ai laissé ma fille de 6 ans chez des amis et moi, je dors dans la rue car je n’ai pas d’autre endroit où aller. »

Vanessa est l’une des 31 femmes des quartiers de La Saline, Bel-Air et Martissant ayant bénéficié des soins psychosociaux offert par la SOFA (Solidarité des Femmes Haïtiennes), partenaire de notre projet Voix et leadership des femmes en Haiti (VLF - Haïti), dans le  cadre des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux filles. 

Par le biais de thérapies de groupes animées par une travailleuse sociale, ces femmes ont eu l’occasion d’exprimer leur traumatismes dans un espace sécuritaire. Ces séances ont permis aux survivantes de violence de dépasser leur état de choc en se rendant compte que leur cas n’est pas isolé et qu’elles ne sont pas seules à vouloir changer les choses. Elles ont aussi pu s’exprimer en pratiquant le « mandalas », une méthode d’art-thérapie qui permet de se libérer de ses différents blocages intérieurs en dessinant, et la relaxation physique. 

« A cause des tirs que j’entends continuellement la nuit, je souffrais d’insomnie.  Après les séances de soutien psychosocial offertes par la SOFA, j’arrive maintenant à dormir . » Fany [nom modifié pour préserver l’identité de la victime], 34 ans.

« On a tué mon mari qui était la seule source de revenu de la famille. L’activité de la SOFA n’a pas résolu mes problèmes économiques mais je me sens mieux maintenant et je suis prête à affronter mes défis quotidiens. » Christine [nom modifié pour préserver l’identité de la victime], 28 ans

La SOFA est l’une des 16 organisations de femmes ayant bénéficié du soutien du projet VLF - Haiti dans le cadre  des 16 jours d’activisme. En plus de cette activité phare réalisée à Port-au-Prince, la SOFA a également organisé des séances de sensibilisations contre les violences faites aux femmes et aux filles dans ses différentes zones d’intervention, les départements du Sud-Est, de la Grand’Anse, du Centre et de l’Artibonite.

Le 19 décembre 2019, la SOFA a réuni les 31 femmes bénéficiaires de séances d’appui psychosociale pour une cérémonie de clôture des 16 jours d’activisme. Cela a été une occasion pour elles d’exprimer leur satisfaction et l’amélioration de leur état psychologique suite aux activités auxquelles elles ont participé.

La responsable de la SOFA en a profité pour leur présenter le centre Douvanjou, où des femmes victimes de violence peuvent chaque semaine participer à des groupes de parole. Ces groupes d’entraide facilités par une psychologue permettent aux femmes de se relever après les traumatismes causés par des situations de violence psychologique, physique ou autre. Les participantes sont aussi sensibilisées au fait que le chemin de la guérison sera long, que plus d’une journée d’aide psychosociale sera nécessaire et que les portes du centre Douvanjou leur sont ouvertes tous les jeudis.

La SOFA a terminé l’activité en offrant un sac contenant des produits d’hygiène aux 31 femmes. Ces produits incluent des serviettes de toilette, du savon et des serviettes hygiéniques. La SOFA espère que ces produits feront une différence dans le quotidien difficile de ces femmes survivantes de violence.

Vanessa conclut « Ces échanges avec d’autres femmes dans la même situation m’ont permis de me sentir mieux. Je continuerai à venir au centre Douvanjou de la SOFA pour participer à ces échanges de groupe et échapper à mon quotidien dans la rue, ne serait-ce que pour quelques heures. »
 

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